«Cette policière avait le droit de vivre»

La policière  qui était très appréciée était mère de deux enfants.

«On est consterné, on est choqué, on est bouleversé, on est sous le choc. Cette policière avait le droit de vivre. C’est tellement inutile comme conséquence.» Jacques Painchaud, président de l’Association des policières et policiers provinciaux du Québec (APPQ), est très ébranlé par le décès tragique de la sergente Maureen Breau, tuée en service, lundi soir, à Louiseville.


Une policière appréciée et mère de deux enfants. «C’est une mère de famille avec des enfants en bas âge. C’est une policière émérite qui avait réussi sa promotion aux enquêtes. Elle avait plein de projets et aujourd’hui c’est terminé. Chacun d’entre nous est profondément affecté.»

M. Painchaud n’avait que de bons mots pour la policière. «On m’a dit que c’était une policière très performante, aimée de tous, très attentionnée avec les gens. Elle avait 21 ans et demi d’expérience, promue pour aller aux enquêtes. Elle était excessivement brillante. C’est sûr qu’elle va laisser un grand vide. C’est excessivement difficile. On est bouleversé.»

Son conjoint est également policier à la Sûreté du Québec. Il est affecté à Trois-Rivières.

Jacques Painchaud, président de  l’Association des policières et policiers provinciaux du Québec (APPQ).

Dès lundi soir, la Sûreté du Québec a mis en place une cellule de crise pour soutenir ses membres et aussi les proches de la sergente.

La directrice générale de la Sûreté du Québec, Johanne Beausoleil, s’est rendue sur place. «C’est un choc local, mais c’est aussi un choc pour l’ensemble des policiers de la Sûreté du Québec, et je dirais même pour l’ensemble de la communauté policière», a souligné Patrice Cardinal, directeur de la Direction des communications et des relations internationales à la Sûreté du Québec.

La sergente Breau était superviseure de relève au poste de la MRC de Maskinongé depuis 2019. Elle a aussi travaillé à plusieurs autres endroits de la région. Ses collègues du poste de la MRC de Maskinongé sont évidemment particulièrement bouleversés.

«Ce sont des gens qui sont très touchés. Présentement, la patrouille du secteur de Maskinongé est assurée par d’autres patrouilleurs provenant d’autres postes», précise M. Cardinal. «On sympathise beaucoup avec tous les membres qui étaient présents à cet événement qui est traumatisant. On tombe dans le stress post-traumatique», s’inquiète M. Painchaud.

L’annonce du décès de la policière a causé une onde de choc. Des messages de condoléances ont rapidement inondé les réseaux sociaux. «On a reçu beaucoup de support, de beaux messages de la part de citoyens du Québec, d’autres organisations policières québécoises bien sûr, et même canadiennes. On a reçu des centaines et des centaines de messages d’un peu partout», souligne M. Cardinal.

Rappelons que la sergente Breau a été tuée lors d’une opération visant l’arrestation d’un homme pour menaces dans un immeuble de Louiseville, au coin de la rue Saint-Aimé et de l’avenue Saint-Laurent. Un autre policier a aussi été blessé à la tête, mais on ne craint pas pour sa vie.

Deux enquêtes se tiennent sur cet événement. Le Bureau des enquêtes indépendantes (BEI) se penche sur l’intervention policière qui a conduit à la mort du suspect. De son côté, le Service de police de la Ville de Montréal tentera de déterminer les circonstances ayant mené à la mort de la policière.

Ce décès tragique rappelle le danger auquel font face les policiers au quotidien. «Maureen, c’était une policière d’expérience, un peu plus de 20 ans d’expérience. Un événement semblable nous rappelle deux choses: le danger de la fonction policière, mais aussi toute l’imprévisibilité des interventions. Bien que nos policiers soient bien formés, bien équipés et qu’ils aient beaucoup d’expérience, ils ne sont jamais à l’abri d’un événement semblable», note M. Cardinal.

«On comprend et on sait que dans notre travail de policier, il y a un danger omniprésent, mais quand même, il y a une énorme pression, une énorme anxiété chaque fois qu’on va sur un appel. Est-ce que ça va dégénérer? Comment on va devoir intervenir et comment on va être capable de circonscrire la situation?», expose M. Painchaud.

Ce dernier estime que les policiers pourraient être mieux protégés dans le cadre de leur travail. «L’Association demande depuis longtemps un renforcement et des mesures plus concrètes concernant la formation en désescalade. On demande des améliorations dans nos pièces d’équipement de protection individuelle. On demande beaucoup de choses, et ce n’est pas pour rien, ce n’est pas pour s’amuser. On est vraiment obligé de reconnaître qu’il y a place à l’amélioration pour aider nos policières, policiers face à différentes interventions. Je vous rappelle que les appels en matière de santé mentale explosent partout.»

La sergente Breau avait de beaux projets à venir. Elle prévoyait prendre un long congé pour faire un voyage en famille. «Il y avait une demande de traitement différé à venir prochainement pour qu’elle puisse en famille profiter de la vie, explique M. Painchaud. Elle n’aura pas eu cette chance.»