Sergente de la SQ tuée en service

La « grande famille » policière dit adieu à Maureen Breau

Trois-Rivières — Des milliers de policiers venus de partout au Québec ont rendu jeudi un dernier hommage à la sergente Maureen Breau, une « femme d’exception », une coéquipière en or et une mère de famille dont le casier débordait de photos de ses enfants. Elle a été poignardée en service le 27 mars dernier.

« Tu avais l’avenir devant toi, tant de beaux projets avec Dan et tes enfants et ça t’a été enlevé », a lâché lors des funérailles la sergente Véronique Nadeau, meilleure amie de Maureen Breau et sa partenaire pendant sept ans à la Sûreté du Québec (SQ).

Elle formait avec elle un « duo de feu ». Elle s’est souvenue d’une organisatrice de soupers hors pair, d’une confidente et d’une mère dévouée qui découpait des étoiles dans les tranches de concombre pour faire plaisir à ses enfants.

« C’était Maureen », a lâché la sergente Nadeau dans un discours noyé de larmes.

La policière de 42 ans a été poignardée le 27 mars lors d’une intervention auprès d’un homme qui avait menacé des voisins à Louiseville. Sa mort a choqué le Québec, mais la douleur est particulièrement vive chez ses collègues policiers.

Quelque 3000 policiers et civils ont rempli la basilique Notre-Dame-du-Cap de Trois-Rivières. Des centaines d’autres ont dû suivre la cérémonie dans un chapiteau dressé pour l’occasion. Le cortège derrière le cercueil, recouvert d’un fleurdelisé, faisait trois kilomètres.

Derrière le corbillard se trouvait la voiture de la famille : son conjoint Daniel Sanscartier, enquêteur à Trois-Rivières, et ses enfants Khéraly et Emrick.

« La profession de policier est une vocation qui comporte des risques réels dans un monde de plus en plus complexe », a lancé Johanne Beausoleil, directrice générale de la Sûreté du Québec, dans une référence à peine voilée aux circonstances du drame.

L’homme qui a tué la policière était connu des autorités. La Commission d’examen des troubles mentaux avait écrit être convaincue qu’il « représente toujours, en raison de son état mental, un risque important pour la sécurité ».

Maureen Breau a reçu jeudi une médaille à titre posthume pour ses 20 ans de service exemplaire. C’est une médaille qu’elle s’apprêtait à recevoir avant le drame.

Johanne Beausoleil a quant à elle remis le képi de la policière tombée en service à ses enfants. Khéraly l’a accepté en versant une larme.

« C’est un métier dangereux »

La vice-première ministre, Geneviève Guilbault, ainsi que le ministre de la Sécurité publique, François Bonnardel, étaient sur place au nom du gouvernement du Québec.

« Elle avait fait le choix exceptionnel d’être au service de ses concitoyens. Agent de la paix, c’est un métier dangereux. Ça s’exerce au quotidien au péril de sa vie », a dit la ministre Geneviève Guilbault, qui a demandé à la population de témoigner de sa reconnaissance aux policiers.

Très ému, le président de l’Association des policières et policiers provinciaux du Québec (APPQ) a livré un plaidoyer pour que « la mort de Maureen ne soit pas en vain ». Jacques Painchaud appelle le gouvernement à revoir le suivi des individus dangereux atteints de troubles mentaux.

Le syndicat policier a lancé une pétition sur le site de l’Assemblée nationale pour un meilleur encadrement des remises en liberté des personnes qui ont des antécédents connus de violence et de troubles mentaux. Elle comptait jeudi plus de 4000 signatures.

On sait déjà qu’il y aura une enquête publique du coroner sur la mort de la policière, à la demande du gouvernement du Québec.

Premières funérailles officielles en 33 ans à la SQ

Maureen Breau est le 68membre de la Sûreté du Québec ayant trouvé la mort par homicide ou dans un acte de bravoure. Ses obsèques, présidées par l’évêque de Trois-Rivières, Mgr Martin Laliberté, étaient les premières funérailles officielles en 33 ans à la SQ.

« Les dernières funérailles civiques, où un policier est mort de manière violente, c’est le caporal Marcel Lemay en 1990 », précise le sergent Marc Tessier de la SQ.

« Le milieu policier, c’est une grande famille. Quand un décès tragique survient, tout le monde se serre les coudes. »

— Marc Tessier, sergent à la Sûreté du Québec

Le monde a bien changé depuis 1990. La vice-première ministre a parlé d’une réalité « de plus en plus difficile » au sortir d’une pandémie « qui a été dure pour tout le monde ».

Geneviève Guilbault a assisté à la cérémonie dans la basilique assise tout près de la famille des deux enfants de Maureen Breau.

« Ça brise le cœur », a soupiré l’élue.

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