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L’absence d’accusation contre les policiers de la SQ divise Val-d’Or

Aucun agent ne sera accusé concernant les allégations d’abus de femmes autochtones

val-d'Or
Val-d’Or est divisé quant à la décision du DPCP de ne pas accuser les six policiers suspendus depuis un an après les allégations. Photo David Prince


VAL-D’OR | Les citoyens de Val-d’Or demeurent profondément divisés à la suite de la décision du Directeur des poursuites criminelles et pénales de rejeter les 37 plaintes logées par des femmes autochtones contre des policiers de Val-d’Or.

Plusieurs femmes autochtones réunies devant un hôtel de la 3e Avenue mardi après-midi se sont dites fâchées, mais pas surprises qu’il n’y ait pas eu d’accusations.

«Ce qui est décevant, c’est que ça discrédite la parole de ces femmes alors que ça leur a pris un grand courage pour dénoncer ces policiers. Je les encourage à poursuivre leur combat», a raconté une femme autochtone qui a requis l’anonymat de peur de subir des représailles de concitoyens non autochtones.

Le DPCP confirmera vendredi en conférence de presse à Val-d’Or qu’il ne déposera aucune accusation contre les six policiers qui étaient suspendus depuis un an après que des femmes autochtones eurent allégué avoir été victimes d’abus sexuels et physiques.

Selon nos informations, devant des témoignages remplis de contradictions et la perte de mémoire de plusieurs des présumées victimes, le DPCP a jugé qu’il n’y avait pas de preuves assez solides pour accuser ces policiers au criminel.

Au départ, huit policiers avaient été suspendus, mais deux ont rapidement réintégré leur poste alors que les allégations s’étaient avérées non fondées.

Délicat

Selon Suzanne Leduc, la directrice de l’hôtel Continental, un endroit très fréquenté par les autochtones de Val-d’Or, le sujet demeure très délicat.

«Une chance qu’on a les policiers ici, car ils font un excellent travail. D’un autre côté, c’est certain qu’il y aura des gens insatisfaits et que certains vont crier à l’injustice», dit-elle.

Rencontres

Toute la journée mardi, des procureurs du DPCP ont rencontré des plaignantes pour expliquer leur décision de ne pas porter plainte.

Les policiers suspendus ont de leur côté appris la nouvelle par leurs supérieurs. Ils pourront reprendre du service sous peu. Aucun policier n’a souhaité commenter la nouvelle mardi.

En octobre 2015, plusieurs femmes autochtones avaient allégué lors d’une émission d’Enquête, à Radio-Canada, avoir été agressées sexuellement par des policiers en devoir à Val-d’Or.

Ce reportage a reçu le prix de la Fondation Michener, l’un des plus prestigieux au pays.

«J’ose espérer que ce prix va leur être retiré parce qu’on voit maintenant que ce n’était pas crédible cette histoire», a lancé Éric Tremblay, un citoyen de Val-d’Or qui soutient les policiers depuis le début.

«C’est prématuré de dire ce qui pourrait arriver avec leur récompense. Lorsqu’on a remis le prix Michener, nous nous sommes basés sur les informations dont nous disposions à ce moment», fait valoir Kim Kierans, présidente du Jury de la Fondation Michener.

Le mois dernier, 41 policiers de Val-d’Or ont intenté une poursuite de 2,3 M$ contre Radio-Canada et la journaliste Josée Dupuis.

L’émission Enquête a refusé de commenter. Le porte-parole de Radio-Canada, Marc Pichet a indiqué attendre les résultats «officiels» de l’étude du DPCP avant de se prononcer.

– Avec la collaboration de Stéphane Alarie et d’Améli Pineda

 

Silence radio dans la ville

 
David Prince et Améli Pineda
Le Journal de Montréal
 

Alors que les réactions avaient été très nombreuses lorsque les femmes autochtones avaient allégué avoir été victimes d’abus, très peu d’intervenants ont commenté la décision du DPCP de ne pas porter d’accusation.

Au lendemain de la diffusion du reportage d’Enquête, la ministre de la Sécurité publique de l’époque, Lise Thériault, avait fondu en larmes en conférence de presse.

Les autochtones avaient exigé des actions immédiates, ce qui avait mené à la suspension de huit policiers (deux sont de retour au travail depuis). Québec avait aussi injecté 6,1 M$ au Centre d’amitié autochtone de Val-d’Or, qui avait notamment payé la caution de 1000 $ pour faire libérer une des femmes qui avait témoigné dans l’émission Enquête.

La directrice générale du Centre d’amitié, Edith Cloutier, n’était pas disponible mardi pour des entrevues.

Commission d’enquête ?

Le directeur de l’organisme La Piaule, qui avait affirmé que tout le monde avait été manipulé par Mme Cloutier pendant la crise d’octobre dernier, n’a pas voulu commenter la décision du DPCP mardi. «J’ai largement payé personnellement et professionnellement cette histoire-là, donc je m’abstiens de tout commentaire», a-t-il dit.

Le maire de Val-d’Or, Pierre Corbeil, dont la ville avait été jugée non sécuritaire par le Grand Conseil des cris, n’a pas voulu commenter la décision, préférant attendre que le DPCP le dise officiellement vendredi.

L’Association des policiers provinciaux du Québec n’a pas été plus bavarde. «Ça peut avoir des conséquences sur le dossier qui est en cour, c’est pourquoi on attendra vendredi avant de commenter», a indiqué Laurent Arel, porte-parole de l’APPQ.

Seul Québec solidaire a commenté la décision mardi. Le parti politique déplore qu’encore une fois, ce soit la police qui ait enquêté sur la police. QS demande qu’une commission d’enquête provinciale se penche sur les relations entre la police et les communautés autochtones.

 

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