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Les policiers de la Sûreté du Québec de plus en plus malades

Certains se sont absentés plus de 1000 jours en cinq ans pour des congés de maladie

Le 7 juin dernier, des policiers de la Sûreté du Québec étaient prêts à intervenir lors de la manifestation contre le G7 qui se déroulait du parc des Braves jusqu’au Parlement de Québec.
Le 7 juin dernier, des policiers de la Sûreté du Québec étaient prêts à intervenir lors de la manifestation contre le G7 qui se déroulait du parc des Braves jusqu’au Parlement de Québec. Photo d’archives, Jean-François Desgagnés


Le nombre de congés de maladie a explosé de 37 % à la Sûreté du Québec depuis cinq ans, si bien que certains policiers ont été absents plus de 1000 jours durant cette période, a appris notre Bureau d’enquête.

En 2013, environ 74 000 journées de maladie ont été utilisées par les policiers de la SQ. L’an dernier, ce chiffre a bondi à 101 300 journées complètes d’absence.

Le manque d’effectifs, la multiplication des heures supplémentaires et l’augmentation des problèmes liés à la santé mentale seraient parmi les principales raisons poussant les médecins à prescrire des arrêts de travail prolongés.

C’est au moment de l’entrée en fonction de Martin Prud’homme à la tête de l’organisation qu’il y a eu une croissance fulgurante des absences, note le syndicat (voir autre texte).

Plusieurs jours

Certains policiers ont même recours à des centaines de journées de maladie chaque année.

Les données recueillies par notre Bureau d’enquête révèlent que l’un des policiers a été absent du boulot durant 1114 jours entre 2013 et 2017. Au total, 77 agents ont utilisé plus de 500 journées de maladie durant cette même période.

«L’organisation était au courant qu’il s’agissait d’une problématique », a avoué la sergente de la SQ Joyce Kemp. Elle assure que Martin Prud’homme en a fait l’une de ses priorités en 2017 avant d’être nommé à la tête du SPVM temporairement par Québec afin d’y remettre de l’ordre.

Lors de la dernière négociation du contrat de travail, le syndicat et l’employeur se sont notamment entendus pour mettre sur pied un comité portant sur la gestion optimale des ressources.

Un plan d’action a ainsi été mis en place pour réduire l’absentéisme de façon significative, a souligné Mme Kemp. «Ça concernait l’amélioration et le traitement de l’invalidité et la mise en place d’un programme de retour au travail, en plus de la formation et la conscientisation des gestionnaires.»

Le syndicat explique que plusieurs de ses membres ont des maladies chroniques. D’autres ont aussi été victimes de graves accidents de travail. «Ce sont des personnes qui peuvent accumuler de longues périodes de maladie, voire des années», a admis Pierre Veilleux, président de l’Association des policières et policiers provinciaux du Québec.

Les deux parties indiquent que déjà, en 2018, leurs efforts auront permis d’améliorer la situation.

Vague de suicides

Par ailleurs, 2017 a été une année passablement sombre au sein des troupes, alors que cinq agents se sont enlevé la vie. Cette vague qui a frappé a laissé de lourdes séquelles au sein des postes partout au Québec.

Depuis, un programme de prévention a été mis en place. « Des services et de l’accompagnement aux employés sont offerts », a expliqué la SQ.

– Avec la collaboration de Philippe Langlois et Marie-Christine Trottier


Nombre total de journées de congé par année

2017 : 101 348

2016 : 101 464

2015 : 91 092

2014 : 82 520

2013 : 73 757

► Une croissance de 37 %


Top 5 des policiers avec le plus de congés de maladie depuis 5 ans

1. 1114 jours de maladie

2. 1077 jours de maladie

3. 1066 jours de maladie

4. 1008 jours de maladie

5. 964 jours de maladie

► En moyenne, 4400 des 5400 policiers utilisent annuellement des congés de maladie

Les coupes de l’état-major montrées du doigt

La réforme menée par l’état-major de la Sûreté du Québec en 2012 a fait chuter le nombre d’effectifs et accéléré l’épuisement des patrouilleurs, soutient l’Association des policières et policiers provinciaux du Québec (APPQ).

«Les patrouilleurs sont essoufflés», a affirmé Pierre Veilleux, le président de l’APPQ.

Le chef syndical soutient que les coupes dans l’administration de la SQ effectuées par Martin Prud’homme lorsqu’il a été nommé à la tête de l’organisation ont nui également aux policiers qui travaillent sur la patrouille.

«Lorsqu’il est arrivé, il a réalisé une restructuration [...], ce qui a eu un impact sur l’embauche, a-t-il expliqué. Ça a ralenti les embauches et fait en sorte qu’en 2016-2017, nous étions 200 policiers en bas des effectifs autorisés.»

Écart à rattraper

Il soutient que le retard est très difficile à rattraper malgré la recrudescence du recrutement de nouveaux policiers depuis que l’APPQ a conclu une entente de principe avec Québec pour le renouvellement du contrat de travail des membres.

«Il en sort plus à la retraite qu’ils sont capables d’en embaucher, soutient-il. Nous sommes toujours environ 200 effectifs sous la norme.»

Selon Pierre Veilleux, la population et le taux de criminalité augmentent, alors que les effectifs baissent. «On passe notre temps à dénoncer à l’employeur [le fait] que les effectifs ne suffisent pas», a-t-il dit.

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