Abitibi

Une « catastrophe annoncée », selon le syndicat des policiers de Lac-Simon

QUÉBEC — La mort d’un autochtone sous les balles d’un policier à Lac-Simon était une « catastrophe annoncée » en raison du sous-financement de la police de la réserve, a dénoncé hier le syndicat qui représente ses agents. Une situation dont le ministre de la Sécurité publique, Martin Coiteux, entend discuter avec le conseil de bande.

« MANQUE DE FINANCEMENT CRIANT »

Le Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP), qui représente les policiers de Lac-Simon, a dénoncé hier le « manque de financement criant » de la force policière de la réserve, hier. Actuellement, une patrouille de deux agents circule en tout temps sur le territoire de 1700 habitants. Mercredi soir, les agents ont dû attendre que leurs collègues viennent les relever afin de pouvoir intervenir à quatre hommes auprès de Sandy Michel. « Si les patrouilles avaient été doublées, on aurait minimisé les risques », a estimé le directeur du syndicat, Marc Ranger. Le budget de 1,3 million du corps policier est nettement insuffisant, selon le syndicat, d’autant que la CSST a récemment critiqué l’organisation du travail. « C’était une catastrophe annoncée », a résumé M. Ranger.

APPELS À QUÉBEC

La vice-chef Pamela Papatie avait écrit aux ministres provincial et fédéral de la Sécurité publique, Martin Coiteux et Ralph Goodale, pour dénoncer le sous-financement des services policiers dans sa réserve. Québec et Ottawa se partagent la facture en vertu d’une entente qui expirera en 2018. Selon le SCFP, Québec doit prendre les devants et diriger rapidement de nouveaux fonds vers les corps policiers autochtones comme celui de Lac-Simon. « On ne peut pas [se réfugier] derrière une entente qui se termine en 2018 pour dire qu’on n’interviendra pas », a dénoncé Marc Ranger.

COITEUX RÉCEPTIF

Le ministre de la Sécurité publique, Martin Coiteux, compte rencontrer le conseil de bande de Lac-Simon pour discuter de la desserte policière sur le territoire de la réserve. Il se dit disposé à pallier les problèmes ponctuels des polices autochtones, comme il l’a fait récemment en débloquant 400 000 $ pour financer la police de la réserve de Mashteuiatsh. Mais il n’est pas question de rouvrir l’entente avec le fédéral. « Le cadre de cette entente prend fin en 2018 et donc on ne changera pas à court terme ces grands paramètres-là, a-t-il dit. Ça ne veut pas dire qu’on ne peut pas revoir les grands paramètres après 2018. » Quand aura lieu la rencontre avec les dirigeants de Lac-Simon ? « Éventuellement », a-t-on indiqué au cabinet du ministre.

13

Nombre d’agents employés par la police de Lac-Simon. Le plus expérimenté a sept ans d’ancienneté. Ils ont tous été temporairement relevés de leurs fonctions après le drame de mercredi soir. Le corps policier comptait 16 membres jusqu’à ce que le jeune Thierry LeRoux soit tué lors d’une intervention, le 13 février dernier. Deux policiers ont démissionné depuis et le recrutement est difficile, convient le conseiller syndical Stéphane Lachance. « Ce n’est pas sexy de venir travailler dans une communauté autochtone dans les conditions actuelles », note-t-il. En outre, les conditions de travail sont moins avantageuses que dans d’autres corps policiers.

LA SQ REPREND DU SERVICE 

Les policiers de Lac-Simon étant en congé forcé, la Sûreté du Québec a recommencé à patrouiller dans le territoire de la réserve, comme elle l’avait fait après le meurtre suivi d’un suicide qui avait coûté la vie à l’agent LeRoux en février. L’Association des policiers provinciaux (APPQ), qui représente les policiers de la SQ, exige que les effectifs soient doublés tant que durera son intervention. « Si on récupère le territoire temporairement, il n’y aura pas de police au rabais, a prévenu le président de l’APPQ, Pierre Veilleux. C’est quatre policiers par relève minimum. »

CAMÉRAS CORPORELLES

L’APPQ exige que tous les agents qui interviennent en milieu autochtone soient équipés de caméras corporelles. Cette mesure permettrait de dissiper le climat de « suspicion » qui règne dans plusieurs collectivités à l’égard des forces de l’ordre, estime M. Veilleux. Une idée que n’écarte pas le ministre de la Sécurité publique, Martin Coiteux. « Je vais regarder ça de près », a-t-il indiqué hier.

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.